La philosophie, cette quête millénaire d'amour pour la sagesse, semble s'être égarée dans les méandres de l'académisme et de la spéculation intellectuelle. Depuis sa naissance avec les pré-socratiques, elle s'est progressivement institutionnalisée, se figeant dans des cadres universitaires qui, bien que précieux pour la transmission du savoir, ont parfois éclipsé son essence véritable: une recherche vivante et continue de la sagesse applicable à la vie quotidienne. Cet article explore le détournement historique du terme "philosophie" et introduit le concept de "philocratie" comme vision renouvelée pour réintégrer la sagesse au cœur de nos vies, tant individuelles que collectives.

Du détournement universitaire à la nécessité d'une réappropriation

Depuis Platon, qui a érigé la philosophie en un système éducatif structuré, jusqu'aux débats contemporains dans les amphithéâtres universitaires, la philosophie a souvent été confinée à l'analyse textuelle et à l'argumentation abstraite. Bien que ces aspects soient essentiels pour affiner notre pensée et notre compréhension, ils ne devraient pas constituer la finalité de la philosophie. Le risque est de transformer cette discipline en un exercice intellectuel déconnecté des préoccupations pratiques et existentielles de l'individu.

La critique de ce détournement n'est pas nouvelle. Nombreux sont les penseurs qui, à travers les âges, ont plaidé pour une philosophie plus incarnée, une sagesse vécue. Cependant, dans l'ombre des institutions académiques, ces appels ont souvent été relégués au second plan.

Philocratie: la sagesse comme principe de vie

Face à ce constat, le concept de "philocratie" émerge comme une réponse audacieuse, ambitionnant de restaurer la philosophie à sa place originelle: un guide pour l'existence. La philocratie, littéralement le gouvernement par la sagesse, propose une vision où la philosophie cesse d'être une simple discipline académique pour devenir une pratique quotidienne, un mode de vie qui oriente tant les décisions individuelles que les politiques collectives.

Dans une société philocratique, l'éducation à la sagesse dépasse les limites des salles de classe pour s'inviter dans les foyers, les entreprises, les institutions politiques et les espaces publics. Elle vise à cultiver des qualités telles que l'empathie, la réflexion critique, la tempérance et la justice, considérées comme fondamentales pour le bien-être individuel et social.

Vers une pratique concrète de la philocratie

La mise en œuvre de la philocratie requiert une transformation profonde de nos structures éducatives et sociales. Elle implique de valoriser les expériences et les savoirs pratiques autant que les connaissances théoriques. Dans le domaine éducatif, cela pourrait se traduire par des programmes centrés sur le développement de compétences éthiques, la méditation, la résolution constructive des conflits et l'engagement communautaire.

Sur le plan politique et social, la philocratie encouragerait des prises de décision fondées sur le dialogue rationnel et éthique, la prise en compte des besoins de tous les membres de la société, et une réflexion approfondie sur les conséquences à long terme de nos actions. Elle promeut une gouvernance où la sagesse et l'éthique prévalent sur les intérêts partisans et les gains à court terme.

Un appel au renouveau philosophique

En définitive, le concept de philocratie nous invite à redécouvrir la philosophie non comme une matière académique détachée, mais comme un ferment essentiel de notre existence, individuelle et collective. Réhabiliter le terme "philosophie" ne signifie pas rejeter l'importance du discours intellectuel, mais plutôt le réintégrer dans une quête plus large de sens et de bien-être. C'est un appel à faire de la sagesse une règle de vie, à orienter nos sociétés vers une pratique authentique de la philosophie. Je prétends être l'un des acteurs de cette nouvelle dynamique impulsée par l'approche Socratique et la Maïeutique Socratique qui accorde une importance si grande à l'Autre dans toute sa différence. Ainsi que le disait Antoine de Saint-Exupéry : "Loin de me léser, ta différence m'enrichit". Je prétends être un Philocrate !